Hebdotouraine

Quartiers du Vieux-Tours

Le quartier Saint-Gatien est le premier bourg constitué, il correspond à la cité de l’Antiquité tardive de Caesarodunum ; il sera le siège du pouvoir politique et épiscopal de la ville. Le quartier Saint-Martin est le deuxième bourg constitué, qui doit son origine au culte de saint-Martin: il sera dès le Ve siècle la ville nouvelle, la ville de pèlerinage. Le quartier saint-Julien est le troisième bourg constitué entre la cité – l’amont –1 et la ville nouvelle – l’aval – : du vie siècle au XIe siècle, le quartier voit l’implantation de nombreux édifices religieux, dont l’abbaye de Saint-Julien.

En 1356, les bourgs Gatien, Martin, Julien sont réunis dans l’enceinte commune, Notre-Dame et Saint-Pierre des faubourgs.

La Grande Rue, axe médiéval et historique qui traverse la vieille ville (actuellement d’ouest en est : les rues Georges-Courteline, du Grand-Marché, du Commerce, Colbert, Albert-Thomas et Blanqui) ainsi que les rues et les places qu’elle rencontre, ont une activité sociale, historique et culturelle importante. Ces espaces publics sont très visités pour leurs nombreuses maisons médiévales, à colombages ou en pierre.

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Le quartier de la cathédrale.

A l’époque gallo-romaine, un groupe humain important- s’installa sur une petite hauteur insubmersible et édifia, sur les restes d’une bourgade gauloise, une véritable ville : Caesarodunum. Cette cité, lieu de commerce et de plaisance, englobait 9 ha 23, elle devint au Moyen Age un centre administratif et religieux. Le quartier de la cathédrale, dont l’origine se retrouve dans cet ancien noyau urbain, s’étend de la Loire au Nord, au boulevard’ Heurte- loup, au Sud et des rues Lavoisier et Jules-Simon, à l’Ouest, à l’ancien canal du duc de Berry, à l’Est.

a) L’ancien noyau urbain, centre religieux.

Le secteur délimité par les quais, la rue Lavoisier et la rue des Ursulines, gravite autour de la cathédrale et du cloître St-Gatien près desquels se pressent des établissements religieux nombreux (rue de la Bazoche, par exemple). Les ruelles dont certaines épousent la forme semi-circulaire des anciennes arènes romaines, mal pavées, avec une rigole parfois médiane, sombres et fraîches, s’acheminent vers la cathédrale. Autour d’elle s’élèvent des maisons ouvrières sans confort ; d’autres occupent le fond des anciennes arènes. La population, composée surtout d’ouvriers mais aussi d’ecclésiastiques, est nombreuse : plus de 100 habitants à l’hectare.

La civilisation bruyante du xxe siècle n’a pas encore pénétré jusqu’en ces lieux où l’électricité et le «néon » n’ont pas encore supplanté partout l’antique éclairage au gaz.

b) Secteurs résidentiels de VEsi et du Sud.

Au xviie siècle la construction d’une nouvelle enceinte fut entreprise au Sud de la ville. Les nouveaux espaces libres furent occupés à l’Est par des couvents entourés de vastes parcs et jardins. Ceux- ci ont fait place, aujourd’hui, à des secteurs d’habitation aisée qui ont toutefois gardé de ce passé, un aspect calme.

Entre les rues Mirabeau et Blanqui et le boulevard Heurte- loup, des petites maisons individuelles, à un étage, aux façades

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faites de- briques ou de moellons apparents ou encore de tuff eau, s’élèvent le long de rues rectilignes se coupant à angle droit ; elles sont souvent accompagnées d’un jardinet, exposé de préférence au midi. Le commerce est absent de ces lieux paisibles et le trafic est peu important : seule la rue Mirabeau est assez animée. La population active est composée de nombreux enseignants, d’employés aisés du commerce et des chemins de fer.

Au Sud les immeubles sont plus riches et plus élevés (2 étages) : ainsi rue Traversière, de somptueux hôtels se dressent au fond de jolis parcs. Les appartements sont souvent dotés des principales commodités : rue Jules-Simon, 42,5 % des logements ont le chauffage central ; le coefficient moyen d’occupation n’est que de 0,9 personne par pièce. La population, — dont la densité est relativement faible : moins de 40 habitants à l’hectare, — comprend surtout des cadres supérieurs et des personnes exerçant des professions libérales (13 % de la population totale), des employés (12 %). Enfin 63 % des habitants sont « sans professions ».

Le quartier de la cathédrale a donc des fonctions religieuses et résidentielle mais il est aussi un centre intellectuel grâce à la présence de deux collèges, du Musée et de l’école des Beaux-Arts, des Archives Municipales.

2. Le quartier Saint-Martin ou des Halles.

Le christianisme, apparu en Touraine au ine siècle, se développa surtout au ive avec le moine Martin que les habitants de Tours nommèrent évêque de leur ville. A sa mort, vers 397, ils l’enterrèrent à 500 pas de leur cité et, vers 470, l’évêque Perpétue- éleva, sur son tombeau, une basilique qui devint un des grands lieux de pèlerinage de la Gaule. Une bourgade, — la Martinopole, — se développa- tout autour, s’entoura de remparts et prit le nom de Châteauneuf. Son essor fut encore accru, plus tard, sous Louis XI, par l’installation, rue Maufumier (aujourd’hui rue Constantine), des ouvriers soyeux transférés de Lyon à Tours.

Actuellement l’ancienne Martinopole est le centre d’un quartier, — limité au Nord par la Loire, au< Sud par la1 rue Néricault- Destouches, à- l’Ouest par la rue de la République, à l’Est par les rues Constantine et Marceau, — qui a gardé quelques-unes de ses fonctions médiévales

a) Le centre religieux.

La basilique Saint-Martin, — détruite huit fois au cours des siècles, — n’a plus son ancienne importance ; pourtant elle forme encore avec quelques cloîtres > et quelques magasins d’objets de piété, un véritable centre religieux.

b) Le commerce.

La fonction commerciale est aujourd’hui la plus active. Il y a lieu de distinguer le commerce de gros du commerce de détail. Le premier est concentré places des Halles, de Châteauneuf, de la République et dans les rues voisines. Il est spécialisé dans la vente des fruits et primeurs, des œufs, du beurre et du fromage. Le marché qui se tient autour des deux pavillons des Halles est l’un des plus importants de l’Ouest de la France : près de 200 tonnes de marchandises y sont transitées chaque nuit et le chiffre annuel d’affaires dépasse deux milliards de francs.

Le commerce de détail est aussi actif. Les places principales et de nombreuses petites rues s’y adonnent : rues étroites, bordées de modestes boutiques et dont les noms, — rues de la Rôtisserie, du Change, de la Monnaie, — rappellent leurs anciennes activités médiévales. Ce commerce porte surtout sur des objets de première nécessité : ainsi place Gaston-Pailhou on trouve 11 magasins d’alimentation, 11 d’usages domestiques, 6 de tissus, 4 de luxe, 4 d’objets de cuir, 4 pharmacies et… 20 cafés ! Le café est, en effet, le lieu où, devant un verre, on vient sceller une affaire. Enfin l’essor commercial est encore accru par 3 marchés : fruits et légumes, volailles, œiifs, beurre et fromage ; tissus et vêtements. La population du quartier fournit une grande partie des acheteurs : de la rue des Halles aux quais de la Loire s’étend, en effet, un secteur populeux ouvrier.

c) Le secteur ouvrier.

On a peine à imaginer en parcourant ces ruelles tortueuses et sombres, humides, malodorantes, mal pavées, que dans ces lieux vivait au Moyen Age une population bourgeoise. Des maisons aux murs à colombage, plusieurs fois centenaires, des immeubles de tuffeau à 2 ou 3 étages, lépreux et sales, s’agglutinent et coudoient parfois, en un saisissant contraste, des hôtels, vestiges de la grandeur passée. Un escalier sombre permet d’accéder aux logements dépourvus de tout confort et surpeuplés : le coefficient moyen d’occupation s’élève à plus de 2,2 personnes par pièce. Dans le secteur des taudis, — rues Etienne-Marcel, Eugène-Sue, du Petit St-Mar- tin, des Quatre-Vents, — 40 immeubles sont insalubres ; là, une famille de 4 personnes vit dans une petite pièce ; 7 personnes occupent une seule pièce sans aération ni lumière, sans eau ni’ gaz…

La population très dense (170 habitants à l’hectare) est quelque peu hétérogène : aux Français métropolitains se mêlent des Nord- Africains, des Espagnols, des Portugais (400 étrangers environ). Elle est formée surtout d’ouvriers (26,4 % de la population totale). La population « non active » est importante (62,8 % du total) car les enfants sont nombreux (20 % de la population totale est âgée de

0 à 14 ans) et l’entretien de ces grandes familles suffit amplement à occuper les femmes.

Quels ont pu être les facteurs de prolétarisation ? D’abord le déplacement vers le Sud des classes aisées, en quête de confort ; le déclin très net de la prospérité n’a fait ensuite qu’accélérer cette transformation.

Ce secteur ouvrier est limité au Nord par les quais qui présentent une physionomie particulière. Longtemps domaine des gens de l’eau, — marins, pêcheurs, poissonniers, — ils forment maintenant une large voie de trafic le long de laquelle s’élèvent quelques beaux hôtels, des entrepôts, de petites fabriques.

3. Le quartier Colbert-Scellerie.

L’espace compris entre l’ancien Caesarodunum et Châteauneuf fut rapidement occupé. Ces faubourgs, — réunis au xive siècle aux deux noyaux urbains, — sont à l’origine du quartier Colbert-Scellerie limité au Nord par la Loire, au Sud par la rue de la Scellerie, à l’Ouest par la rue Nationale et à l’Est par la rue Lavoisier.

Le commerce y est actif, grâce à la rue Colbert et à quelques rues satellites dont la plus importante est celle de la Scellerie qui lui est parallèle. La rue Colbert est bordée de petites boutiques vieillottes mais bien achalandées : alimentation* (44), magasins d’usages domestiques (15) et de tissus (15) pour subvenir aux besoins d’une population locale ouvrière nombreuse (plus de 100 habitants à l’hectare).

De vieilles maisons abritent généralement plusieurs familles mais les logements ne sont pas trop exigus (1 personne par pièce). Leur confort laisse pourtant à désirer, au Nord surtout (rue du Cygne par exemple où 15 % des logements ont le chauffage central et 20 % une salle d’eau).

La « Grande rue » sert de lien à ces différents quartiers. Mieux même elle guida, avec la Loire, l’extension de la « Vieille Ville ». Cet ancien chemin de rive devint auxxveet xvie siècles la grande artère du commerce tourangeau ; il le restera jusqu’au milieu du xixe. Formé actuellement par les rues Blanqui, Albert-Thomas, Colbert, du Commerce, il est encore fort animé par des livreurs, des ménagères, des acheteurs des quartiers voisins et des touristes en quête de belles maisons des xve et xvie siècles.

II. — Le centre-ville

« Aller en ville » pour les Tourangeaux c’est se rendre au centre commercial et administratif. Mais la bruyante animation des rues, la présence d’immeubles relativement élevés, — 2 étages et plus, —

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